Simone Kahn historiographe du surréalisme

Depuis ses origines, le surréalisme se caractérise par une réflexion théorique sur sa propre activité intellectuelle et créatrice, qui s’articule à la fois dans l’étude des lignes de réception littéraires et artistiques et dans l’historicisation du mouvement par ses acteurs. Cette démarche commence dès les années 1930 et 1940, avec les contributions de Marcel Raymond ou Maurice Nadeau. Les années 1950 voient apparaître, à travers différents entretiens d’André Breton (1952), un premier auto-bilan du mouvement, complété par un regard plus jeune de Jean-Louis Bédouin (Vingt ans de surréalisme 1939 1959) et, enfin, par L’Histoire de la peinture surréaliste de Marcel Jean, ces deux derniers datant de 1959. En 1962, Patrick Waldberg publie à son tour un ouvrage de référence intitulé Le Surréalisme.

Loin de s’inscrire dans ces projets historiographiques généraux, Simone Kahn propose un regard singulier sur le surréalisme, qu’elle ne livre qu’en de rares occasions. Ainsi, lors d’un voyage en Amérique latine en 1965, elle donne, dans différents pays, des conférences consacrées à la peinture surréaliste, centrées principalement sur les années 1920. Elle revient plus tard, en 1975, sur le jeu du cadavre exquis, lorsque Arturo Schwarz lui consacre une exposition dans sa galerie de Milan et qu’elle contribue au catalogue.

En 1971, Simone Kahn revient enfin, aux côtés d’autres acteurs et amis de la première heure — tels Philippe Soupault, Man Ray, Jacques Baron ou Germaine Everling — dans deux portraits filmés réalisés par Philippe Collin sur l’histoire de Dada et la naissance du surréalisme.  

En prêtant les œuvres de sa collection aux expositions décisives dès les années 1930, en contribuant à l’enrichissement des plus grandes collections muséales, mais aussi en témoignant auprès de nombreux chercheurs, notamment Marguerite Bonnet, Jacqueline Chénieux-Gendron ou Georgiana Colvile, Simone Collinet a alimenté l’écriture d’une autre histoire de l’art surréaliste. HM