Parcours politique de Simone Kahn : socialiste, résistante, féministe

(1928-1971)

Simone Kahn [Breton] était, de tout le groupe surréaliste, la seule à avoir lu Le Capital de Marx en entier, ce qui lui conférait une certaine aura intellectuelle et politique selon un témoignage de Youki Desnos. Elle a trouvé dans le surréalisme un appel à la subversion des normes, à la critique de toutes les formes d’oppression et une chambre d’écho pour sa quête d’existence libre. Pour preuve, dès 1922, son soutien à l’ouvrière et militante anarchiste Germaine Berton, qui avait assassiné le secrétaire général d’Action Française, Marius Plateau. « Celle qui représente en ce moment la Révolution et l’amour », lui apparaît alors comme un modèle d’action presque inatteignable : « […] si j’étais une amoureuse j’irais tuer Léon Daudet au Palais de Justice. » Avec Max Morise et Louis Aragon, elle lui porte « une grande corbeille de roses et d’œillets rouges » avec l’inscription : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n’avons pas su faire. » De là, la trajectoire de Simone Kahn sera anticonformiste : « Je me fous de plus en plus souvent du confort, de l’intérêt, des convenances, de la considération. Les bourgeois […] m’horripilent […]. » Si elle épouse Breton, elle cultive la liberté sexuelle, critique l’institution bourgeoise du mariage et refuse le salariat. Elle s’engage aussi politiquement dès les années 1920, en signant des tracts et des articles militants, puis, de manière plus prononcée encore, dans les années 1930, en faveur du socialisme et des Républicains lors de la guerre d’Espagne. Cet engagement se poursuivra sa vie durant ; par exemple, en 1960, elle signera le « Manifeste des 121 », contre la guerre d’Algérie. Autre exemple, dans les années 1970, elle militera en faveur de l’avortement. JC et KS